MANŒUVRE DE RENTREE |
CONTENU : Mis à jour novembre 2004, revu sept 2011 I Historique des retours et rentrée terrestres Généralités | Notations et figure Calculs du cas général sur l'arc orbital Optimisation de l'incrément de freinage IV Eléments sur la rentrée terrestre NB : le téléchargement regroupe 4 cours sur la rentrée Rentrée d'Allen - Rentrée de Chapman - Déorbitation |
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Nous abordons dans ce
chapitre, le problème du calcul des conditions de retour d'un engin spatial,
vers l'atmosphère d'une planète, jusqu'à ce jour sur la terre, mais demain sur
mars.
Nous serons donc d'abord
amenés à définir l'arc orbital de descente, qui fait suite à une manœuvre de
"déorbitation", utilisant un moteur de freinage. Puis nous
chercherons quelle est la manœuvre optimale. Enfin sans entrer trop dans le
détail, nous indiquerons comment évoluent les paramètres de rentrée en fonction
des conditions de rentrée.
La
rédaction de cette partie de cours est en partie inspirée d'un travail de J
FAVE (ONERA) et de Re-entry and Planetary Entry, Physics and technology by
W.H.T LOH, SPRINGER- Verlag New-York 1968.
NB : Tout au long de l'exposé, nous verrons
que deux paramètres sont importants :la vitesse de rentrée Ve, et l'angle de
rentrée ge, angle que fait la vitesse avec l'horizontale locale au point de
rentrée.
Les premiers véhicules
spatiaux, pour lesquels le problème du retour et de la récupération, s'est
posé, sont les fusées sondes expérimentales (météo, astronomie,...), la vitesse
variait de 1000 à 3000 m/s avec le plus souvent un angle de rentrée de 90°.
Ensuite, le problème a
commencé à être étudié sérieusement avec la construction des missiles
balistiques, dont les ogives pénètrent dans les couches atmosphériques entre
4000 et 6000 m/s, sous des angles de rentrée de 25° à 45°.
Depuis la décennie 1960, on
ne compte plus les retours de capsules, habitées ou pas, Mercury, Gémini,
Apollo, Soyouz..., revenant de missions circumterrestres ou d'un voyage vers la
lune. Les vitesses de rentrée sont alors devenues importantes de l'ordre de
8000 m/s sous des angles inférieurs à 4°, pour les vols autour de la terre et
11000 m/s et un angle de rentrée de 6°.5, pour un retour lunaire.
De telles vitesses peuvent
donner lieu, si l'on n'y prend garde, à des décélérations supérieures à 10 g,
ce qui est considéré comme la limite de résistance humaine, du moins en
continu. Par ailleurs, les retours de missions lunaires, présentent le risque
de rebonds sur les couches de l'atmosphère, vers 60 km d'altitude avec risque
de sortie de l'atmosphère et réinjection dans l'espace, en attendant une
nouvelle rentrée. Ce sont ces considérations qui ont été longuement et finement
étudiées, pour conduire à des choix de rentrées particuliers.
On distingue, en effet:
II
MANŒUVRE DE "DEORBITATION" :
Nous décomposerons la
rentrée en trois phases totalement différentes, avec point de départ, une
orbite de travail Co:
NB : Nous renvoyons le lecteur
vers un exercice concernant le modèle d'ALLEN et
EGGERS, pour des rentrées sous des angles
supérieurs à 6°. Les résultats sont extrêmement intéressants et permettent de
bien comprendre le choix de la forme de la cabine Apollo.
Nous adoptons les notations
qui suivent (voir figure):
3°)
CALCULS DU CAS GENERAL SUR L'ARC ORBITAL :
Nous allégeons un peu les
calculs, laissant le soin au lecteur de les compléter.
Liaison
Co-C1 :
La composition des vitesses
donne :
Equations
le long de l'arc orbital :
Les lois de conservation de
l'énergie et du moment cinétique, sur une orbite képlérienne fournissent :
Enfin des relations
classiques dans l'ellipse ci-dessous , donnent les relations suivantes :
L'élimination de ecosqe et esinqe dans le système conduit aux
résultats suivants fixant soit l'angle de rentrée ge, soit la portée ae, connaissant le résultat de la
manœuvre. :
III "DEORBITATION"
OPTIMISEE :
Nous supposons, pour
simplifier, renvoyant le lecteur à la littérature très spécialisée pour le cas
général, que le changement d'orbite est coplanaire, ce qui signifie que
l'orbite de descente est dans le même plan que l'orbite de travail initiale et
de plus nous la supposons circulaire. Bien que particulier, ce type de retour
est classique.
Orbite initiale : de rayon
rs, de vitesse orbitale Vs., point de décrochage So
Atmosphère: couches supérieures au rayon re
Orbite de descente : C1 elliptique, Vo vitesse en So, go pente au départ.
Angle de rentrée: ge supposé fixé, nous verrons plus tard à quelle valeur.
Nous posons les quantités
suivantes, dont trois sans dimension :
Dans tous les cas, si l'on
ne se pose pas la question de l'optimisation de la rentrée( voir plus loin ),
les calculs suivants suffisent.
Les relations dans le triangle
des vitesses de la déorbitation entre Vo, Vs, DV donnent :
Traduisant la conservation
de l'énergie sur l'orbite C1 de descente, il vient :
Enfin la conservation du
moment cinétique, ou encore la loi des aires fournit l'angle de rentrée en
fonction des caractéristiques de la rentrée, d et w.
La manœuvre est dite
optimisée lorsque l'incrément de vitesse à délivrer est minimal. Or nous le
savons, l'angle de rentrée est un paramètre capital. Le problème se pose donc
de la manière suivante : connaissant l'angle de rentrée gE fixé, quelle est la manœuvre
d'angle w optimal, qui minimise d ?
La dernière relation
fournissant ge définit implicitement la fonction d(w), qui pourrait d'ailleurs s'expliciter dans cette
équation du second degré en d.:
Le calcul de la dérivée de d est alors accessible et l'étude de sa nullité aussi
( voir additif 1 ). Le lecteur désireux de mener à bien les calculs( bien
pénibles ), retrouvera donc les résultats suivants d'une rentrée optimisée :
On peut encore en combinant
les principales équations obtenir les expressions équivalentes suivantes
sinon, c'est le fonctionnement
classique en rétrofusée :
4°) QUELQUES RESULTATS GRAPHIQUES :
Ci-dessous les deux régions
pour le choix de w en fonction de z et ge, dans le cas d'une rentrée optimisée. Les retours depuis des
orbites hautes ( x>9/8) sont réalisés en rétrofusée
( w=180°), et pour des angles de
rentrée petits, il en est de même. La recherche d'angles de rentrée forts,
depuis des orbites basses correspond à la région bleue.
Enfin, le diagramme suivant
montre, pour une rentrée optimisée, le choix de l'orientation de l'incrément de
vitesse DV, lors de la déorbitation.
IV ELEMENTS SUR LA RENTREE TERRESTRE :
Rappelons que la rentrée
s'opère sous l'action de deux forces, la gravitation et la force aérodynamique
qui se décompose :
La simulation des rentrées,
sous des angles petits de 0° à 6°, pour des finesses variables, fournit quelques
idées générales, notamment:
Ci-dessous, le graphique
montre, pour des rentrées balistiques, l'évolution de l'accélération en
fonction de l'angle de rentrée ge.
ainsi que la transformation
des trajectoires sous l'influence de la finesse.
Le lecteur, intéressé par
des projets des simulation de rentrée, consultera
la liste des projets. Pour cela il devra faire appel à une modélisation de l'atmosphère de
la planète, soit sous forme de routines, soit avec le modèle plus
sophistiqué de Jacchia. Le travail vaut le détour.
NB : Il n'est pas
impossible que dans quelques décennies, pour des missions vers la planète Mars,
pourvue d'une atmosphère, des rentrées atmosphériques soient utilisées pour
réduire notablement le niveau de la vitesse d'arrivée. 2 projets d'étude de
telle rentrées sont prévues sur ce site.
COMPLEMENTS ( Tirés
de Yahoo-Encyclopédie) :
http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/do/lnk_do_4261/ta_do_4261.1.html
Lors de sa rentrée dans
l'atmosphère terrestre ou planétaire, un objet spatial subit un freinage
important, dû au frottement sur les couches gazeuses. Ce frottement dégage une
énergie considérable, qu'il faut dissiper rapidement. Ainsi, lors de sa rentrée
atmosphérique, la navette spatiale américaine voit la température de certaines
de ses parties portée à 1 500 °C. Pour pallier cette élévation de température,
la face de la capsule qui subit le freinage atmosphérique est recouverte d'un
bouclier ablatif, en général constitué de matériaux réfractaires et
susceptibles de se vaporiser, absorbant ainsi une grande quantité d'énergie.
Les solutions techniques
couramment adoptées sont des structures en nid d'abeille. Dans le cas des
capsules Apollo, il s'agissait d'une structure en aluminium, revêtue d'acier et
recouverte de plastique armé. Cette technique est encore en vigueur pour
permettre la récupération des capsules russes Soyouz.
La technique de l'ablation
n'est cependant pas utilisable dans tous les cas. En particulier, les vaisseaux
spatiaux du type navette ont des dimensions plus importantes que les capsules
et leur réutilisation nécessite l'emploi de matériaux hautement réfractaires.
Ainsi, le revêtement de la navette américaine est constitué de tuiles (environ
32 000) que les techniciens peuvent remplacer partiellement après chaque vol.
Le nez et le bord d'attaque de la navette, qui sont les zones les plus
exposées, ont des tuiles de céramique à base de carbone. Pour les zones moins
exposées, il existe deux types de tuiles: des noires, à base de silice,
supportant une température qui peut aller jusqu'à 1 275 °C, et des blanches,
également à base de silice, mais ne pouvant résister que jusqu'à 650 °C.
Une autre technique
consiste à utiliser les frottements atmosphériques comme moyen de freiner les
sondes. Cette technique, dite d'aerobracking, a été expérimentée sur la
sonde lunaire japonaise Hiten lors de sa rentrée atmosphérique en mars 1991. La
sonde américaine Magellan a expérimenté la même technique au-dessus de Vénus.
Le bouclier de la sonde
européenne Huygens, destinée à plonger en 2004 dans l'atmosphère de Titan, l'un
des satellites de Saturne, entrera en contact avec un plasma porté à une
température d'environ 12 000 °C, soit à peu près deux fois la température de la
surface du Soleil. Le matériau employé est à base de fibres de silicium du type
des tuiles équipant la navette afin de protéger la sonde lors de son entrée
dans l'atmosphère à plus de 6 km par seconde.
DONNEES SUR LA CAPSULE GEMINI : ( Provenance NASA )
Masse 1982 kg, Surface S=4.1547 m², Cx=1.5265, Finesse variable
de 0.2 à 0.3, Angle de rentrée de 3 à 4°
**********************************
ADDITIF 1 :
L'équation de définition
implicite de d en fonction de w est, rappelons le :
L'optimum de la manœuvre
équivaut à dire que d'(w)
= 0, ce qui donne :
Une manipulation des
équations , pour la solution 2 ci-dessus conduit à :
Guiziou novembre 2004, sept 2011